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Chronique 58 - Les 7+1 clés du succès de l'administrateur-salarié

Devenir le représentant des salariés de son entreprise au Conseil d’administration revient à être propulsé au plus haut niveau décisionnel. Le franchissement de toutes les étapes hiérarchiques en un instant confère à l’heureux élu des responsabilités qu’il n’a jamais encore assumées, ni même souvent cherché ni soupçonné. Pour être à la hauteur, il lui faut activer sept plus une clés.Devenir le représentant des salariés de son entreprise au Conseil d’administration revient à être propulsé au plus haut niveau décisionnel. Le franchissement de toutes les étapes hiérarchiques en un instant confère à l’heureux élu des responsabilités qu’il n’a jamais encore assumées, ni même souvent cherché ni soupçonné. Pour être à la hauteur, il lui faut activer sept plus une clés.

La situation de l’administrateur salarié au sein du Conseil d’administration (CA) est bien différente de celle du membre du Comité Social de l’Entreprise (CSE) : le CA ne compte que trois ou deux, voire un seul salarié parmi une vingtaine d’administrateurs-dirigeants, cadres supérieurs et commissaires aux comptes ; en revanche, le CSE en compte jusqu’à une trentaine qui font face à trois ou quatre représentants de la direction. L’administrateur-salarié est donc minoritaire parmi les plus grands dirigeants pour prendre des décisions sur les enjeux stratégiques. A contrario, l’élu au CSE est majoritaire face à des dirigeants pour échanger sur des enjeux plus immédiats, et les décisions finales restent toujours au final aux seuls dirigeants.

Certes, l’administrateur-salarié bénéficie d’une représentativité juridique qui repose sur un premier niveau de confiance qu’il a su obtenir auprès du corps social. Pour autant, sa capacité à défendre la position spécifique des salariés n’est plus son seul enjeu : une fois élu, il lui faut dépasser l’intérêt particulier de ses seuls mandants pour aider à analyser et construire l’entreprise dans sa globalité… au nom de toutes les parties prenantes, y compris des salariés dans leur ensemble, même ceux qui n’ont pas voté pour lui et ceux qui ne faisaient pas partie du corps électoral (comme les salariés des filiales ou à l’étranger, par exemple).

Les sept + une clés du succès de l’administrateur-salarié 
Pour assumer sa mission, il doit conjuguer les sept clés du succès de l’administrateur-salarié :

  1. La Connaissance : Connaître de façon intime l’histoire et la situation de la société comme de l’entreprise et ses marchés, les forces et faiblesses de ses métiers, produits et projets.
  2. La Communication : Tisser et animer des liens avec le réseau des salariés et des parties prenantes pour forger une vision partagée de leur activité passée, présente et potentielle.
  3. Le Courage : Oser utiliser sa liberté d’expression pour présenter sa vision en public, devant les dirigeants de l’entreprise et les personnalités extérieures membres du Conseil.
  4. La Compétence : Maîtriser sa pensée, ses émotions, son expression pour élaborer un consensus fort, qui intègre toutes les dimensions et intérêts de toutes les composantes de l’entreprise.
  5. La Courtoisie : Respecter à égalité chaque administrateur, son temps de parole et ses avis sans a priori, réagir sans agressivité, interagir de façon positive et constructive.
  6. La Confidentialité : Préserver le secret des délibérations, taire les immanquables dissensions pour maintenir la force des décisions prises dans la collégialité.
  7. La Confiance : Intervenir avec pertinence avant, pendant et après les séances du Conseil, pour préserver sa capacité d’influence et sa légitimité auprès des administrateurs comme des salariés.

La clé ultime du succès de l’administrateur-salarié 
Pour endosser sa responsabilité, l’administrateur-salarié doit se former pour apprendre à mieux préparer ses interventions, interagir avec les administrateurs pendant les séances, communiquer ses points d’accord et de réserve à l’issue des séances auprès de l’encadrement et des salariés. Mais pour jouer son rôle à plein, il lui faut aussi déployer des mécanismes d’interactions entre la tête et le corps de l’entreprise.

Car en effet, l’administrateur-salarié occupe une position unique, située au grand carrefour de l’intermédiation dans l’entreprise. Il co-définit la stratégie et coproduit l’implication du collectif de ses mandants-salariés dans le sens de l’accomplissement de son objet social : répondre toujours mieux aux besoins de toujours plus de personnes-clients.

Aussi, à lui de structurer une mécanique qui conjugue les idées et les énergies des collaborateurs afin de contribuer à réunir les conditions du repérage et de la mise en œuvre de solutions nouvelles toujours plus adaptées. L’administrateur-salarié doit donc savoir tourner une clé complémentaire : pour lui, organiser un vrai dialogue avec tous les salariés n’est pas qu’une option, mais un devoir ! En tournant cette ultime clé, il se place en contributeur actif à la définition d’une entreprise toujours plus performante : sa personne et sa fonction deviennent une clé indispensable pour comprendre et développer à la fois l’entreprise, ses salariés et la société qu’ils servent ensemble.

 

Texte co-écrit avec Jean-Frédéric Dreyfus, administrateur-salarié de Crédit Agricole Corporate & Investment Bank de 1999 à 2017, Trésorier (2011 à 2013) de la Confédération Française de l’Encadrement-CGC, Administrateur de nombreux organismes, dont Action Logement, l’ORSE (Observatoire de la Responsabilité Sociétale des Entreprises), l’Université Paris-Dauphine.

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Chronique du 14/01/2022 La Tribune

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